La Loire à Vélo est un projet que je réfléchis depuis un moment. L’itinérance vélo et le bikepacking m’attirent depuis quelques années, j’ai été inspiré par mon cousin qui en est adepte et qui m’a souvent proposé de l’accompagner. J’ai eu mon premier contact avec l’itinéraire lors d’une petite virée à l’occasion d’un séjour dans la région de Tours en 2023. En discutant avec des cyclistes sur le parcours, mon envie de vivre l’aventure a été renforcée et l’environnement m’a beaucoup inspiré. En juin 2025, ma sœur me dit qu’elle part en vacances avec son copain à Pornichet, à l’embouchure de la Loire; c’est l’élément déclencheur, je mets le projet en place en quelques jours, je vais faire la Loire à Vélo et les retrouver pour passer quelques jours avec eux. Je profiterai ainsi de la voiture pour le trajet retour.
Préparation du voyage
Je commence par préparer le parcours sur le site de la Loire à vélo. Pour une première expériences, je ne voulais pas passer toute une semaine sur le vélo, mais quelques jours maximum. Je choisis de réaliser le tronçon Orléans – Saint-Brévin, 480km en 4 jours.
Je commence à découper des étapes en reliant différents hôtels, mais rapidement, l’idée de faire du camping me gagne. Un peu pour des raisons financières, mais j’aimais beaucoup le coté autonomie du bikepacking, la sensation de ne dépendre de personne, d’embarquer tout mon matériel. Une occasion de ne vivre qu’avec le strict nécessaire, une sensation de liberté et ce mode de voyage sera aussi un moyen de rencontrer d’autres cyclistes afin de ne pas passer ces soirées seul à l’hôtel.
C’est maintenant le moment d’équiper le vélo. Je dispose d’un vélo de route (Lapierre Audacio 500cp) qui n’est pas forcément pré-disposé à accueillir de bagage. Je m’équipe donc avec des sacoches Zefal qui s’adaptent sur tout type de vélo grâce au système Guizmo.
J’habite dans le grand-est, j’ai quelques centaines de kilomètres à parcourir pour retrouver le point de départ… Plusieurs solutions s’offrent à moi, prendre la voiture, le train, me faire emmener, etc. Après quelques renseignements, voyager avec son vélo en train semble assez courant et bien géré, ça sera sûrement le plus simple et je dois avouer que l’expérience a été une réussite ! Après quelques tests sur le site de SNCF Connect, je ne trouve un seul voyage en TGV pour la journée de départ mais l’offre semble bien plus fournie en TER. Je décide de prendre ma place en TER qui semble plus souple, ce train dispose de plus d’emplacements vélos et un c’est aussi un peu moins cher.
Rejoindre le point de départ

C’est donc parti, je mets le vélo dans le train en gare de Châlons-en-Champage direction Orléans, je suis accompagné par quelques cyclistes qui partent travailler ou qui vont juste pour un petit tour à quelques kilomètres de chez eux. Le voyage passe assez vite, après s’être arrêté dans plusieurs gares de la marne, l’arrivée à Paris est annoncée.
Je dois maintenant rejoindre la gare d’Austerlitz. N’ayant jamais fait de vélo dans Paris, je suis un peu impressionné. Je connais l’itinéraire, mais je ne suis pas très à l’aise à l’idée de me faufiler dans le trafic dense parisien. C’était sans connaître le réseau de voies cyclables ! Je rentre sur la piste cyclable sur le boulevard Richard Lenoir à 2 pas de la gare de l’est et me voilà parti. Le boulevard défile, j’arrive place de la Bastille puis à la gare d’Austerlitz, c’était vraiment un trajet très agréable. Je me dit à ce moment que ça pourrait être une belle expérience de faire une rando urbaine à vélo dans Paris et profiter de ce moyen de transport pour visiter la ville.
Je m’installe donc dans le TER direction Orléans, accompagné d’une bonne dizaine de cyclistes qui ont tous ont trouvé leur place, la gestion des vélo est très fluide.
Orléans, le départ ! Jusque Blois (71km)
Sorti de la gare à 11h 30, je lance l’itinéraire sur ma montre, c’est parti ! Je rejoins les bords de Loire en passant par la place du Martrois admirer la statue de Jeanne d’Arc. Je pars ensuite le long de la Loire pour la première étape qui me mènera jusque Blois.
Enfin, le premier contact avec le fleuve, il offre de somptueux panoramas avec ses grandes étendues d’eau sauvages jalonnées de petites îles assez arborées et il est ponctué de petites barques à fond plat typiques de la Loire.

Je fais ma petite pause de midi sur une petite place ombragée à Saint-Hilaire-Saint-Messmin. J’ai pris dans mes affaires quelques repas lyophilisés, afin d’assurer le repas si je ne trouvais pas mieux sur le chemin. Je décide du menu, ça sera des pâtes à la bolognaises. Je reprends quelques forces et c’est reparti. Les voies sont très agréables, il y a pas mal de digues un peu rectilignes mais en asphalte et quelques chemins blancs. L’avantage, c’est qu’on avance sur la carte ! Les paysages sont semblables, mais la balade est agréables.
Arrivé à Blois, je me dirige vers le camping « Val de Blois » que j’ai appelé quelques minutes plus tôt pour vérifier la disponibilité d’emplacements. Le lieu est accueillant, je prends mon traditionnel coca comme après chaque de longues sorties sportives que je fais et je monte ensuite ma tente près d’autres cyclistes.
L’avantage des campings qui disposent de tarifs cyclistes est qu’ils ont des emplacements qui nous regroupent. Je me retrouve au milieu d’autres cyclistes qui font le chemin inverse, ils remontent la Loire. Un petit groupe de jeunes un peu fêtard se joignent au camp un peu plus tard. On échange un peu tous de nos parcours vélos, de nos vies et nos projets. C’est assez drôle, nous empruntons tous le même chemin, mais les projets de chacun sont tous très différents. Certains cyclistes sont retraités, ils prennent la route pour plusieurs semaines sur leurs vélos électriques. D’autres, jeunes actifs de la région profitent du week-end pour tenter d’avancer sur le chemin au guidon de leur VTT en profitant des bars, des guinguettes ou des plages que la route présente sur les abords.
Je profite de la fraîcheur du soir pour faire une petite sieste, je me rends compte que les chaleurs de la journée ont eu un impact assez important sur moi, je suis assez fatigué. Je reprends donc quelques forces et je me rafraichis. Il y a une petite Ginguette sur le camping, j’en profite pour aller manger un petit burger à la fourme d’Ambert, un régale.

Blois-Savonnière (96 km)
La nuit a été réparatrice, le temps de ranger le paquetage et récupérer le petit pain au chocolat réservé la veille en guise de petit déjeuner et me voilà reparti pour la deuxième étape. La route avance bien, j’arrive à midi à Amboise. Il commençait à faire un peu chaud, je suis à la recherche d’un repas pour midi. Avant d’aller à la pizzeria repérée un peu plus tôt, je fais un petit passage à la supérette récupérer une boisson désaltérantes, un petite citronnade, un peu de gâteaux pour les petites faims et surtout quelques fruits pour affronter la chaleur de l’après midi. C’est la première fois que je vais laisser le vélo seul sans surveillance. Je ne suis pas très serein, je laisse tout ce que j’ai pour vivre ces 4 jours (tente, affaires, couchage, etc.).
L’après midi, je traverse les vignes qui servent à l’élaboration des vins de Touraine, le paysage est agréable et assez changeant. Je traverse ensuite Tours, les pistes cyclables sont pratiques et j’ai adoré traverser le golf par le petit chemin sinueux.


Mon itinéraire d’origine passait par Chinon, j’aime beaucoup cette ville qui a servi au tournage de la saga « Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu », mais j’avais surtout repéré un camping pour la nuit. La chaleur de l’après midi a été un peu étouffante, je décide d’écourter l’étape et de m’arrêter à Savonnière. Il est déjà 17h, je vais pouvoir profiter un peu des lieux pour me reposer et prendre un peu de temps pour flâner un peu. Pour la soirée, je profite de la guinguette qui est accolée au camping, j’y déguste une galette complète, c’est bon signe, c’est que la Bretagne se rapproche et que j’avance bien sur l’itinéraire. Les abords de la Loire à Savonnières sont magnifiques et le paysage était baigné par quelques rayons de soleils rasants qui nous offraient une superbe lumière pour sublimer l’ensemble.

Savonnières-Montjean-sur-Loire (152 km)
Départ de Savonnières au petit matin, j’avais une seule question en tête : aurais-je la force de rattraper ce que je n’ai pas fait la veille ? Je continue la route en suivant le fleuve, je découvre le château d’Ussé en traversant un pont qui enjambe la Loire et j’en profite pour faire quelques photos et quelques selfies.

En approchant de Saumur, j’ai été agréablement surpris de traverser des villages constitués de maisons troglodytes. Le plus impressionnant a été que la vélo route passe elle même par une grotte. Un havre de fraîcheur pendant ces jours de canicule !

L’après midi a été assez chaude aussi mais la route avance très bien, composée de beaucoup de digues un peu rectilignes mais très efficaces. Les derniers kilomètres de la journée sont assez durs, je traverse quelques villages, beaucoup de côtes, mais le camping Paradis de Montjean-Sur-Loire arrive enfin.
L’étape du jour aura été de 150 km, un record pour moi ! Mais je suis satisfait, j’ai rattrapé le retard de la veille. A l’arrivée, dommage que la piscine était fermée, mais le snack était encore ouvert et j’en ai profité pour prendre mon coca et une saucisse frites. Le repas était très attendu…
Je me dirige ensuite vers l’espace réservés aux campeurs à vélo. Je rencontre une cycliste allemande; en échangeant quelques mots d’allemand et d’anglais, elle me raconte un peu son parcours. Partie de Francfort, elle a descendu la voie bleue, repris la Loire à Vélo et elle pensais aller jusqu’en Bretagne. En reprenant mon vélo pour aller planter la tente, je me rends compte que ma roue avant est à plat. Je monte la tente et je discute avec mes voisins, 3 frères qui font du gravel tous les ans ensemble, ils allaient jusqu’au Puy-de-Sancy. En leur demandant s’ils avaient une pompe un peu plus performante que la mienne, ils me proposent de m’aider à réparer, l’un d’eux a été cycliste professionnel. Nous avons donc changé ma chambre à air ensemble, j’aime cette solidarité improvisée !
Montjean sur Loire – Saint Brévin (134 km)
L’étape du matin a été assez banale, belle balade mais sans surprise. Je me suis arrêté à Oudon, après avoir fait quelques courses pour acheter des fruits et quelques saucissons, je suis allé manger un riz au curry lyophilisé un peu plus loin.
Je continue ensuite la route, j’arrive à Nantes, j’ai une nouvelle fois été impressionné par le réseau de piste cyclables de la ville. Je prends la roue d’un cycliste qui a l’air de savoir où il va, plusieurs changements de directions concordent avec mon GPS, je continue à le suivre. Les rues défilent et je me retrouve aux machines de l’île. Je décide de passer vite à coté, je connaissais déjà, mais j’ai entendu l’éléphant au loin. C’est un signe, je me ravise à aller à sa rencontre, c’était une joie de le revoir. En plus, je pourrai profiter de son jet d’eau pour me faire arroser et me rafraîchir.

Après quelques minutes de contemplation, je reprends la route. Pour la première fois, j’ai un peu de mal à trouver de l’eau, je cherche une fontaine dans un village, mais elle a du disparaître lors de la rénovation de la place, je fais un petit détour vers l’hyper U du village et je fais le plein d’eau et de citronnade bien fraîche.

Et c’est reparti, direction le canal de la martinière, un canal autrefois utilisé pour les navires de commerce. Ce canal m’a vivement été conseillé par mes voisins de la veille, son parcours rectiligne m’a fait avancé très efficacement en direction de l’ouest et surtout les arbres bordant la route m’a offert une ombre très appréciable.

Arrivé à Paimboeuf, je commence à apercevoir le pont de Saint-Nazaire au loin. C’est un repère, c’est à son pied que ce périple touchera à sa fin. Dernière ligne droite, sur un petit chemin de sable derrière une digue, je passe sous le pont et enfin, on arrive à l’océan !
A ce moment, beaucoup d’émotions se bousculent dans ma tête. Une joie immense me rempli, je réalise seulement que j’ai réussi mon projet et je suis très heureux d’être là : j’affectionne vraiment cet endroit. C’est aussi le moment ou je vais sortir de ma période de 4 jours de solitude qui m’a permis de me retrouver avec moi-même. Enfin, la vue de l’océan que j’ai envié depuis ces quelques jours, elle m’apaise toujours par son immensité. Je me dis à ce moment que les prochains jours seront plus reposants et que je ne reprends pas le vélo le lendemain; je suis un peu soulagé, je sens que j’ai besoin de repos. Face à ce cocktail d’émotions, je sens que les larmes montent, c’est un moment magique !
Je reprends mes esprits et je fais quelques mètres à pied pour aller voir le serpent de mer. Il représente vraiment l’objectif ultime de ce périple, ce qui est assez paradoxal parce que je ne trouve pas cette sculpture particulièrement jolie, mais j’aime tout de même aller à sa rencontre. J’attends maintenant que ma sœur vienne à me récupérer pour que le séjour puisse commencer.

Bilan de mon aventure
C’était ma première aventure en bike-packing et il y en aura d’autres ! J’ai adoré ! J’ai beaucoup aimé passer du temps seul sur le vélo avec pour unique préoccupation de gérer son effort, le repas et le camping du soir. C’est un vrai sentiment de liberté, on ne dépend pas d’horaire, de personnes; juste de sa forme et de la fiabilité du matériel. C’est un moyen d’apprécier les choses les plus simples de la vie, s’émerveiller devant les paysages qui défilent, de sentir le vent et le soleil sur la peau, profiter d’un joli endroit sur le bord du chemin pour se reposer ou manger un morceau. Ça m’a vraiment permis de déconnecter de mon quotidien du jour au lendemain et faire une bonne introspection.
C’est aussi une occasion de croiser des gens et d’échanger de tout et de rien sans penser les recroiser un jour. J’ai eu la chance de croiser des gens souriants, bienveillants avec qui j’ai vraiment aimé échanger quelques mots. Les projets de certaines personnes me paraissent incroyables. C’est très inspirant de voir tous ces gens qui accomplissent leur projet et s’épanouissent ainsi. Chacun à son rythme en fonction de sa condition physique, son ambition et ses propres envies
Je pense par contre améliorer le matériel à commencer par le vélo, je vais acquérir une nouvelle monture typée Gravel. Ce vélo sera plus adapté aux chemins assez variés et plus agile sur les chemins de sable ou de cailloux. L’idée aussi est de pouvoir le charger plus simplement avec des bagages qui tiendront bien mieux sur le cadre.